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Les réfugiés seront les entrepreneurs de demain

24 heures après l’élection de Donald Trump, Widoobiz a rencontré Yannick Le Guern et Laura Petrache, dirigeants de la société B1-AKT / Leading Sustainable Strategies & Communication. Ils sont les créateurs du Premier laboratoire européen d’intégration des migrants, réfugiés et minorités ethniques, le « Migrant Integration Lab ».

 

Si les USA et une bonne partie de l’Europe ont décidé de prendre le virage protectionniste, certains travaillent pour faire en sorte que les réfugiés soient mieux accueillis. Yannick Le Guern et Laura Petrache sont de ceux là.

 

24 heures après l’élection de Donald Trump, Widoobiz a rencontré Yannick Le Guern et Laura Petrache, dirigeants de la société B1-AKT / Leading Sustainable Strategies & Communication. Ils sont les créateurs du Premier laboratoire européen d’intégration des migrants, réfugiés et minorités ethniques, le « Migrant Integration Lab ».

 

Widoobiz : Les Britanniques sortent de l’Europe. Donald Trump est élu sur un programme de fermeture des frontières. Le reste de l’Europe semble suivre cette voie. Et vous, vous souhaitez accueillir les réfugiés pour en faire des entrepreneurs. Vous pensez être entendu ?

 

Yannick Le Guern : Nous sommes entendus, car les réfugiés sont là. Ce n’est pas une question de souhaiter, ou pas, les accueillir. Les politiques ont de toute façon intérêt à mettre en œuvre des solutions pérennes d’intégration des migrants pour résoudre la crise actuelle et apaiser les tensions.

 

W : En quoi consiste votre Lab d’intégration des migrants ?

 

YLG : Pour faire simple, nous travaillons sur 3 axes. D’abord, nous intégrons les migrants d’un point de vue linguistique, civique et citoyen, entrepreneurial et économique par un processus de 3 mois. Puis, nous les accompagnons sur des projets pendant 18 mois. Ensuite, nous formons et professionnalisons les acteurs et parties prenantes de l’intégration. Enfin, nous pilotons l’écosystème d’intégration et mettons en réseau les bonnes pratiques et les acteurs au niveau européen avec des outils et plateformes.

 

W : Est-ce que vous visez un type de réfugiés en en particulier ?

 

Oui. Les jeunes et les femmes. Ils sont capables de s’intégrer et de comprendre beaucoup plus vite notre culture. Ils ont des idées, des envies, une volonté, et sont très sérieux et à l’écoute des conseils qu’on leur donne pour développer leurs projets.

 

W : Pourquoi a-t-on intérêt à les accueillir pour en faire des entrepreneurs ?

 

YLG : Les migrants peuvent être une véritable opportunité économique pour notre pays et nos territoires. Il y a notamment beaucoup de jeunes, d’autres cultures, et avec une volonté farouche de s’en sortir. En accompagnant les migrants à l’entrepreneuriat, ils ne sont plus un coût pour la société, mais deviennent des créateurs de valeur et participent à un enrichissement mutuel. On les accompagne pour qu’ils développent leurs propres moyens de subsistance et d’intégration économique par la réalisation de projets entrepreneuriaux ou micro-projets.

 

W : Construit-on des vocations d’entrepreneurs de la même façon si l’on a face des Roms ou des Syriens ?

 

YLG : Vous savez, déjà on ne construit pas des vocations d’entrepreneur dans ce cas. C’est un impératif catégorique comme diraient les philosophes : ils cherchent à avoir un toit, de quoi manger et un peu d’argent pour pouvoir vivre correctement et retourner par la suite dans leurs pays. Être entrepreneur est un moyen nécessaire et efficace.

Les migrants, les réfugiés ou les Roms n’ont effectivement pas les mêmes objectifs, les mêmes parcours, ni les mêmes compétences, mais la finalité est la même : entreprendre pour vivre dignement.

 

W : Vous dites que vous souhaitez les rendre autonomes. Mais, comment fait-on quand les compétences ne sont pas là ?

 

YLG : Nous commençons déjà par identifier les compétences qu’ils ont. Cela vous surprendra peut-être, mais tout le monde a des compétences ou sait faire des choses… Ensuite, on travaille sur ce qu’on appelle du capacity building et du renforcement de compétences et la transformation de ces compétences en projets (asset building). On fait émerger des projets, on les accompagne dans l’action par un système de mentorat où ils sont suivis par un entrepreneur qui les conseille et les aide.

Tout ceci est basé sur un travail d’accompagnement entrepreneurial que nous effectuons depuis une quinzaine d’années et durant lequel nous avons transformé des centaines de personnes de toute origine, de toute origine socio-professionnelle et de tout type en entrepreneurs, en France et à l’étranger.

 

W : Est-ce que vous allez les sélectionner ?

 

YLG : Nous avons commencé à identifier dans un premier temps les leaders de leurs communautés respectives, ceux qui avaient déjà des idées de projets, qui étaient ouverts et qui étaient capables de fédérer autour d’eux.

 

W : J’imagine que vous ne partez pas tout seul la fleur au fusil ? Sur quels organismes comptez-vous vous appuyer ?

 

YLG : Nous mettons en place un écosystème complet d’intégration, qui passe à la fois par la Commission Européenne, les associations de terrain, les dispositifs traditionnels d’accompagnement à l’entrepreneuriat et plus largement par l’ensemble des parties prenantes du secteur : des institutions aux acteurs et facilitateurs de l’intégration.

 

W : Avez-vous des ambitions chiffrées ?

 

Bien sûr. Tout d’abord, à terme l’objectif est de transformer le dispositif d’intégration des migrants en véritable politique publique européenne avec une méthodologie, une ingénie pédagogique, des acteurs formés et des initiatives et échanges de bonnes pratiques au niveau européen.

Sur le territoire national, les objectifs chiffrés dépendront directement de la manière dont le gouvernement actuel et le suivant soutiendront ce dispositif…

 

W : Dites un dernier mot à ceux qui veulent fermer les frontières à la manière de Trump ?

 

YLG : On ne s’enrichit qu’ensemble. Le repli sur soi est toujours lié à la peur. Abolissons la peur et cherchons plutôt à faire évoluer la société, à chercher des solutions innovantes et pérennes, à rendre les gens autonomes et responsables. L’histoire est faite de migrants qui ont réussi et se sont intégrés. L’entrepreneuriat est un moyen privilégié pour cela. Si vous êtes d’accord avec moi, nous cherchons toujours des mentors et des chefs d’entreprises pour les accompagner dans leurs projets.

 

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